Dernière notes de chine

Voici en vrac, la quasi-totalité de ce que j’ai écris en prévision d’un article, mais que je n’ai pas pris le temps de finir.

Les citations de Master Guo :

En pointant du doigt le t-shirt sale d’un élève :
« Do you know how to use the washing machine ? If you don’t know ask us »

Pendant le stance training :
«Already 1 minut past, so fast ! Only 4 minuts left »

A propos du problème de chasse d’eau non tiré par les élève dont la femme de ménage se plaint régulièrement à Master Guo :
« Each time I see the cleaning lady the morning I feel the fear that she will talk me about this problem »

Pendant le stance training, alors qu’on tenait des briques à bout de bras
« Just imagine it’s a very sweet bread, and not bricks »
« If you are tired, just eat your bread »

« Take a rest, 5 seconds »

Les citations de Issei à master Guo
« Hey Guo ! »
« Oh you are leaving, where are you going ? »

Les citations de Kévin
« Le power stretching ça sert à rien, à part à s’assouplir un petit peu »

Des phrases sur tout et n’importe quoi :

Manger, s’entraîner, dormir

Je suis content d’avoir pu vivre quelque chose qui me manquera.

Lors du mountain run certains s’arrête en haut de chaque montée de marche dans la caverne pour prier un boudha plutôt ingrat puisqu’ils ne semblent pas courir plus vite que les autres…

une fille avec un rubiskube

En France la plupart des mes préoccupation étaient liées à des choses inhumaines, comme faire les courses, travailler, faire un mémoire, gérer l’argent etc… même voir des gens étaient une gestion assez abstraite : « quel soir vais-je pouvoir voir telle ou telle personne ? ». Ici c’est tout le contraire, je n’ai qu’à décider avec qui je vais passer l’après-midi, qui m’entrainer, comment parler ou aborder tel personne, quel film regarder avec qui etc…

il y a une autre remarque que j’ai trouvé amusante, c’est que les anglais disent souvent « jesus christ !!!! » ou « oooh my god !! » j’ai trouvé ces jurons affreusement religieux, mais j’y vois une différence culturelle amusante comparés aux putains et aux cons.

Le conditionning c’est comme si dès le matin je m’expose l’orteil contre l’armoire de ma chambre, mon coloc s’écrierait : « Excellent pour le conditionning ça ! ».

Journée type

Voici un billet que j’ai écris quand j’étais encore en chine mais qui n’a jamais été finalisé, le but était de raconter de façon objective le déroulement d’une journée, force est d’avouée que le but est loin d’avoir été atteins :

 

En théorie : Levé à 5h30 pour une ballade le long de la rivière, excellent pour se réveiller de bon humeur et s’oxygéner les poumons.
En pratique : A 5h30 je dors.

En théorie : A 6h00, je vais au cours de Taiji et Qi Gong, ce ne sont pas des cours d’arts martiaux à proprement parler mais ils sont bénéfiques pour l’apprentissage de l’équilibre, la coordination des mouvements et la concentration.
En pratique : Je dors.

En théorie : Après une heure de sport, je me rend à la cantine à 7h10 pour y savourer un petit-déjeuner. Les œufs et le pain sans sel sont tout ce dont j’ai besoin le matin, et le lait de soja a non-seulement un goût savoureux, mais est particulièrement bon pour la santé selon deux ou trois scientifiques dans le monde.
En pratique : Je me lève à 7h00 et me traîne jusqu’à la cantine. Je ramène mon propre vrai lait de vraie vache en poudre, ma confiture et mon chocolat. Ceux qui n’ont pas cette chance font avec les moyens du bord : tremper son pain dans le thé, tartiner le pain avec du jaune d’œuf ou avec de la sauce soja, on fait ce qu’on peut.

En théorie : Après un déjeuner idyllique, je me dirige vers ma chambre. Elle a beau être rangé et propre, je consacre tout de même une demie-heure de mon temps pour la nettoyer, défroisser mes vêtements et bien aligner les affaires sur mon bureau. Une fois le travail accompli, la vision de ma chambre parfaitement en ordre suffit à m’emplir de joie.
En pratique : Je retourne dans ma chambre pour m’affaler sur mon lit et écouter de la musique. Une fois dans la semaine, je dois aller passer le balai dans la salle de Wing Chun, ou ranger ma chambre juste avant l’inspection du lundi matin.

En théorie & pratique : A 8h30, on se met tous en rang dans la cours, avant de commencer le premier entraînement.

En théorie : A 8h30, après la mise en rang général (linue-up) le premier cours commence ‘est parti pour une 1h30 de Wing Chun. J’entame avec entrain la course d’un kilomètre et demi. De retour à l’école le corps réveillé par l’effort, je peux enfin m’étirer. S’ensuit un échauffement d’environs 30 minutes, pendant lequel on mobilise toutes les partis du corps. Ensuite le cours à proprement parlé commence : il peut s’agir de l’apprentissage de nouveaux mouvements, de mise en applications de ces-dits mouvements, de travail sur les sacs etc…
En pratique : J’en chie ma race pendant 1h30. Je me traîne pendant 1 kilomètre et demi. De retour à l’école complètement suffoquant, je m’étire péniblement et suis la séance d’échauffement pendant laquelle je remue vaguement toutes les partis du corps. Ensuite le cours commence comme indiqué ci-dessus.

En théorie : Le cours se termine pile à 10h, ce qui nous laisse 30 minutes de libre avant le prochain entraînement. Je met malicieusement ce temps à profit pour parfaire ce que j’ai appris durant ce cours.
En pratique :: Maître Guo empiète sans problème sur le temps de pose et il est rare que le premier cours finisse avant 10h10 – 10h15, je profite tout de même des 15 minutes restantes pour aller m’affaler sur mon lit. Parfois lorsque je suis d’humeur moins sociopathe, je rester parler avec des gens.

En théorie & en pratique : entre 10h30 et 11h30, on recommence comme le premier cours, si ce n’est qu’on ne refait pas de course, on commence directement par les étirements.

En théorie & en pratique : Entre 11h30 et 12h, encore une pause.

En théorie & en pratique : Entre 12h et 15h, repas et pause. Pendant la pause au choix : aller se baigner à la rivière, faire du ping-pong, faire une sieste, s’entraîner, faire une balade, regarder une série tout seul dans sa chambre…

En théorie & en pratique : Entre 15h et 16h30, entraînement.

En théorie : Entre 17h et 18h : Chi Gong.
En pratique : Le Chi Gong j’y crois pas.

Ensuite repas, sois à la cantine soit au « nex door », le bar qui est juste à côté de l’école. Vous pouvez traîner assez tard au nex door, y fumer (pas vu pas pris), y boire (bierre + eau de vie à 40-50° dégueulasse), film dans la salle télé, quand il fait chaud certains se baignent etc…

Ensuite en théorie on est sensé dormir à 21h30, mais bon, si vous ne faites aucun bruit et que ça ne dérange pas votre coloc vous pouvez toujours-continuer à regarder un film ou n’importe quoi, tant que vous êtes dans votre chambre. En sachant que les sifus passeront vérifier qu’il n’y a pas de lumière (ils regardent sous les portes), c’est comme pour tout : pas vu, pas prit ^^.

Emploi du temps détaillé

Comme c’est toujours sympa de savoir dans quoi on s’embarque, voici le programme de d’une semaine type à Kunyu Shan.

Légende :
Ce qui est en vert : c’est optionnel, vous pouvez ne pas le faire sans problème
Ce qui est en rouge : c’est les entraînement, c’est obligatoire
A : semaine A
B : semaine B

Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi
5:50 Levé Levé Levé Levé Levé
6:00 – 7:00 Taiji
Qi Gong
Taiji
Qi Gong
Taiji
Qi Gong
Taiji
Qi Gong
Taiji
Qi Gong
7:00 – 7:10 Levé Levé Levé Levé Levé
7:10 Petit-Déjeuné Petit-Déjeuné Petit-Déjeuné Petit-Déjeuné Petit-Déjeuné
8:00 – 8:30 Inspection des chambres Nettoyage Nettoyage Nettoyage Nettoyage
8:30 – 10:00 Wing Chun forme Wing Chun application Wing Chun forme A : Entraînement avec sac
B : Circuit training
Wing Chun : Line training
10:30 – 11:30 Qi Gong Baji application (projections) Baji forme Acuponcture A : Baji
B : Sparring
12:00 Déjeuner Déjeuner Déjeuner Déjeuner Déjeuner
14:30 – 16:00 Baji forme Stance training
Mini grading
Power training Sanda Course en montagne
16:20 – 17:10 Qi Gong
Xingyi
Taiji
Qi Gong
Xingyi
Taiji
Qi Gong
Xingyi
Taiji
Qi Gong
Xingyi
Taiji
Qi Gong
Xingyi
Taiji
17:30 Dîner Dîner Dîner Dîner Dîner
18:30 – 19:10 Mandarin Mandarin Mandarin Massage Boudisme
21:30 Couché Couché Couché Couché Couché

Événementiel :
Le 5 du mois : Passage de grading basique
Le 15 du mois : Passage de grading de forme
1 fois par semaine : corvée de balayage

Remarques :

  • Le couché est obligatoire, les sifus passent pour vérifier… Dans la pratique, vous pouvez toujours faire de l’ordinateur si vous le mettez sous la couette. Hi hi hi hi ! #rebelle:-D

Jour 66 : La discipline à Kunyu Shan

Ce week-end riche en événements est l’occasion idéale pour faire un point sur la discipline de l’école.

Sachez d’abord que l’alcool, le sexe, la drogue et, plus globalement, tout ce qui procure à la vie son intérêt est légitimement interdit à Kunyu Shan.

Il y a globalement trois points de vue à propos de la discipline de l’école : ceux qui pensent qu’elle est trop laxiste, ceux qui pensent qu’elle est trop dure, et moi, qui pense qu’elle est bien comme elle est.

Je ne veux pas prendre partie dans ce délicat débat, mais je peux en revanche vous conter l’histoire de mon ami Benjamin :

Au commencement, c’est-à-dire vendredi dernier, mon ami Benjamin a effectué deux sparrings qui ont été unanimement appréciés, que ce soit par les étudiants ou les Sifus (les profs, en chinois). Benjamin dispose en effet d’un fort esprit de compétition, ce qui est une bonne chose puisque cela lui permet de progresser relativement vite.

Mon ami Benjamin, sûrement assez fier de ce succès, décide le soir même de s’offrir une juste récompense en allant se détendre dans le « café-bar » situé à deux pas de l’école. En alcool, le bar propose soit une bière (4°), soit de l’eau de vie locale, la Brandi (40°). Puisque Benjamin est raisonnable, il choisit évidemment une bière.

Pendant la soirée, un jeu se met en place. Les règles me sont restées obscures, mais il me semble qu’à chaque tour, le perdant avait pour mission de boire. Comme je l’ai dit, Benjamin dispose d’un fort esprit de compétition, et il décide, sans vraiment qu’on sache pourquoi et alors que tout le monde était à la bière, d’élever le niveau en passant à la Brandi.

Malheureusement, la mauvaise chance au jeu et les 40 degrés de la Brandi auront bientôt raison du courage et de l’ardeur de Benjamin, qui perdra rapidement conscience à la table même du bar.

A Kunyu Shan, même les rebelles doivent être rentrés pour l’heure du coucher fixée à 22h le week-end, et Benjamin n’était plus en état ni de rentrer dans sa chambre, ni de lire l’heure, ni même de comprendre quoi que ce soit. A Kunyu Shan, comme le dit Master Guo, nous formons avant tout une famille, et c’est parce que nous sommes une famille que deux étudiants ont pris le soin de ramener ou, plutôt, de transporter Benjamin dans sa chambre, sans éveiller la curiosité que pourraient avoir les Sifus à l’égard de son état.

Les deux étudiants déposent donc Benjamin dans son lit avec un amour qui n’a rien à envier à l’amour maternel, et on pourrait penser que l’histoire s’achève sur cette fin heureuse.

Mais c’eût été sans compter sur le fait que Benjamin soit tout de même quelqu’un d’un peu tourmenté, y compris dans son sommeil, et qu’il se mettrait inexplicablement à crier, attirant l’attention bienveillante de deux Sifus, qui se précipiteraient dans sa chambre pour l’assister et découvriraient, affolés, Benjamin dans un état d’ivresse comateux.

On dit souvent qu’un Cachou est efficace pour faire descendre le taux d’alcool, mais on oublie trop souvent la technique du « coup de poing dans le bide », et c’est bel et bien à coups de coup de poing que les Sifus essayent de réanimer Benjamin, lequel tentera de nier l’évidence en clamant, non sans malice : « I am not drunk, I am French ! »*.

Comme on l’aura compris, Benjamin aime la compétition, même lorsqu’il est bourré, c’est donc naturellement qu’il essaye vaguement de balancer un coup de poing à un des Sifus en criant « Fuck you Sifus »*, qui eux mêmes répliquent à coups de bâton et de poing.

Benjamin est quelqu’un de vaillant, mais, seul contre les deux Sifus et les 40 degrés de la Brandy, il ne pouvait que succomber, pour se réveiller le lendemain avec plusieurs bleus et un sérieux mal de crâne.

Il reprendra six coups de bâton pour les « Fuck you », quatre autres au line-up du mardi d’après devant les autres élèves, et écopera d’une sanction l’obligeant à balayer une partie de la cour pendant un mois.

Je vous laisse maintenant vous faire votre propre opinion sur la discipline au sein de Kunyu Shan.

PS : Je n’étais pas avec Benjamin ce soir-là, mais, dès que j’ai appris la nouvelle, j’ai évidemment accouru afin de prendre des photos de ses blessures pour mon blog :

Pour la cuisse droite, la photo a été prise juste après les quatre coups de bâton matinaux, ce qui explique la prépondérance de rouge et l’absence décevante de bleu ; il est à noter que les proportions chromatiques tendront par la suite à s’inverser :

En ce qui concerne le front, après avoir tenté de reconstituer la soirée, nous avons conclu que Benjamin ne s’est pas pris un coup de bâton en pleine tête, mais plutôt qu’un coup de bâton l’aurait fait voler dans l’armoire située à côté du lit, armoire contre laquelle il se serait explosé la tête :

* : véridique

Jour 51 : Apprentissage du nunchaku

Le nunchaku est une arme d’origine chinoise ou japonaise (asiat’ quoi) très efficace.  Elle a la particularité d’exiger une grande habileté de la part de son utilisateur, car il est communément admis qu’un nunchaku mal utilisé est plus dangereux pour celui qui le manie que pour l’adversaire.

En contrepartie, c’est une arme terriblement efficace, et pas chère (3 € en Chine).

J’ai donc débuté l’apprentissage du nunchaku…

…Et je dois dire que j’aime beaucoup le nunchaku. Lui aussi il m’aime puisqu’il me saute régulièrement en plein visage en signe d’affection, les hanches, les coudes, et même une fois en plein dans les couilles…

Je suis d’un naturel positif, et chaque coup que je reçois sonne comme un rappel de l’efficacité et de la dangerosité du nunchaku, ce qui est une bonne chose puisqu’en toute logique, je me ferais pas chier à apprendre une arme inefficace…

Cela me permet aussi de suivre ma progression : au début j’étais lent et maladroit alors que maintenant je me l’envoie beaucoup plus rapidement et efficacement en pleine poire.

Plus sérieusement, n’ayant pas pour habitude de me faire frapper ailleurs qu’au lit, j’ai judicieusement pris la décision d’acheter un nunchaku en mousse. Ce qui me permet de me le balancer à pleine vitesse dans la tête sans avoir mal.

C’eût été sans compter que la mousse du nunchaku a légèrement tendance à se décaler pendant l’utilisation, laissant apparaître l’embout en plastique. J’ai vérifié pour vous : cet embout ne fait mal qu’au niveau des yeux.

J’ai donc commencé à pratiquer sérieusement le nunchaku depuis quelques jours et ce qui est très agréable, c’est que la progression est très rapide. C’est très motivant car la progression est justement très rapide, et j’aime bien pouvoir suivre ma progression, spécialement lorsqu’elle est rapide.

Master Guo (mon prof de Wing Chun) maîtrise le nunchaku et l’enseigne aux élèves qui le demandent en montrant tous les deux jours des enchaînements de coups. Pour ma part, j’attends la fin du mois avant de lui demander, je préfère me familiariser seul avant.

Je me filmerai en train de pratiquer le nunchaku lorsque j’aurai atteint un niveau acceptable…

Jour 47 : Premier sparring avec Benjamin

Mardi dernier (hier), un élève a avancé l’idée d’organiser des « sparrings » sans public. Le « sparring » est un combat de boxe plus ou moins amical, sur un ring et avec des protections (protège-tibias, protège-pieds, protège-couilles, protège-buste, casque et gants).

En effet, contrairement aux « sparrings » ayant lieu tous les vendredis, l’absence de public permet de combattre plus naturellement, sans le stress d’être devant tout le monde, et donc de pouvoir mettre l’accent sur la technique plutôt que sur la façon de gagner le combat.

L’idée a donc été lancée mardi matin (hier), et la décision a été prise hier après-midi d’organiser des sparrings sans public, tous les mercredi soirs, à compter, donc, d’aujourd’hui ― excellente réactivité aux suggestions !…

Pour ce qui est du bilan de mon sparring avec Benjamin, il faut que j’apprenne en priorité des façons d’attaquer… Je suis en effet plutôt démuni lorsque la personne est simplement en garde : comment lui faire quitter sa garde pour pouvoir lui envoyer une patate en pleine tronche ?

Je pense qu’il va falloir pour cela que je travaille mes coups de pied spécifiquement pour le Sanda. En effet, là doit résider une partie de la solution : je place un coup de pied au niveau du bassin de l’adversaire qui baisse naïvement sa garde pour le parer et BAAAAAM! UNE MANDALE DANS SA GUEULE !!

Malheureusement, les quelques coups de pieds que je pratique en Wing Chun (coups de talon dans les genoux, particulièrement…) sont interdits en Sanda.

Je suis très content de débuter le sparring, puisque, les lacunes techniques mises à part, je ne suis pas encore complètement à l’aise lorsqu’il s’agit de combattre : il faut, par exemple, que je travaille à être plus détendu sur le ring, de sorte à pouvoir plus facilement placer des coups et à me fatiguer moins vite.

Donc voilà, je vais essayer d’améliorer ça en m’entraînement régulièrement avec Benjamin.

Jour 39 : Passage de grade

Aujourd’hui, c’était le passage de grade qu’on appelle « des basiques », en d’autres termes, on effectue les mouvements basiques de notre discipline.

J’ai donc passé un grade de Wing Chun et un grade de Baji, qui lui s’effectue à deux.

C’est surtout l’occasion pour le « maître » de constater (ou non) la progression de ses élèves, et l’occasion pour les élèves de manifester (et de mesurer) leur investissement.

On m’a subtilement fait comprendre que si le « maître » me « proposait » de passer le grade, il était préférable d’accepter, sauf à risquer de chuter dans son estime.

Ca ne s’est pas trop mal passé pour moi : le Wing Chun était correct ; par contre j’ai eu un peu plus de mal avec le Baji, puisqu’étant concentré sur la mémorisation des enchaînements, je l’étais moins sur la technique (je suis mono-tâche).

J’ai l’impression d’avoir une moins bonne mémoire gestuelle que la moyenne… et souvent je repense à toutes ces fois où ma mère me disait de ne pas coller ma tête contre le micro-onde pour voir le bol tourner, si seulement je l’avais écoutée, j’aurais peut-être quelques neurones en rab.

Ah oui, au fait, j’avais pris un coup de poing dans le pectoral droit, j’ai toujours mal, je suis donc allé à l’hôpital cette après-midi pour faire une mamographie radio et constater que ma squeletture n’avait rien, et que c’était donc un traumatisme musculaire.

Photo que le docteur a analysée dans son bureau :

Bureau dont voici l’entrée, (hygiène oblige, notez la présence du panneau incitant à se laver les mains) :

Bref, je n’ai pas très bien compris, et puis de toutes façons ça ne m’intéresse pas… je sais juste que j’ai des médicaments pour « fluidifier le sang » et lui permettre de mieux circuler, et des antidouleurs. J’ignore ce que valent les antidouleurs… je n’en ai pas trop besoin, mais je testerai tout de même demain : j’ai toujours rêvé de voir un éléphant rose pour de vrai.

Au passage, la radio m’a coûté 16 €, et les médocs 9 €.

Jour 35 : Bilan santé et physique, au premier mois échu

Un bilan santé

Au niveau de la santé, je vais bien mieux, je vais même très bien. Je n’ai plus de courbatures !

Le seul problème que j’ai, c’est une douleur au niveau du pectoral droit ou, du moins, à l’endroit où il y aurait dû y avoir un pectoral droit, mais où je me suis pris un gros, gros coup de poing il y a plus de quinze jours. J’ai toujours mal, et cela m’empêche de réaliser correctement les pompes.

Au sujet du mal de dos, je n’ai plus aucun problème. J’ai d’ailleurs appris que c’était un problème classique et inévitable chez les nouveaux arrivants n’ayant jamais pratiqué de sport auparavant. Le dos n’étant pas du tout musclé, mais travaillant néanmoins beaucoup d’un seul coup, devient inévitablement douloureux.

Un bilan physique

Pour ce qui est de la musculature, aucun changement visible. Ce n’est pas étonnant, puisque, lorsqu’on regarde les anciens, on ne note pas une musculature particulièrement développée. En effet, les étirements que nous effectuons plusieurs fois par jours ont pour effet d’allonger le muscle : cela n’empêche pas le muscle d’être bel et bien là ; il est juste allongé ! Certains gymnastes, par exemple, sont musclés sans être « bodybuildés », grâce aux étirements qu’ils effectuent, ce qui est moins le cas des nageurs.

Justement, les étirements sont précisément le domaine dans lequel on peut facilement mesurer la progression. Tout d’abord, il y a « deux sortes » de souplesse : le fait de tendre la jambe devant soi, et le fait d’écarter les jambes sur le côté. L’intérêt d’être souple est évidemment de pouvoir porter des coups de pied, non seulement aux pieds, aux genoux et aux couilles de l’adversaire, mais aussi au ventre, au torse et à tête.

Pour ce qui est de tendre la jambe devant moi, à mon arrivée, j’avais du mal rien que pour lever la jambe un peu plus haut que la hauteur de mon bassin (la hauteur approximative des barres d’étirement). Je posais simplement ma jambe sur la barre et je la tendais péniblement, tout en essayant de positionner mon dos droit. Il n’était donc même pas question d’essayer d’attraper mon pied… disons que lorsque je tendais le bras en direction de mon pied, le bout de mes doigts arrivaient à peine à mi-tibia.

Maintenant, même le matin lors de mon premier étirement (le plus dur), j’arrive péniblement à toucher mes pointes de pieds, j’arrive même parfois à atteindre mes orteils, mais la douleur fait que je ne peux pas encore rester à les toucher longtemps.

Pour ce qui est du grand écart, comme j’étais moins nul que pour les jambes en avant, je n’ai pas spécialement concentré mes efforts là-dessus ni, de ce fait, mesuré une quelconque progression.

Un bilan amélioration techniques de Wing Chun et de Baji

J’ai passé une bonne partie du mois à apprendre principalement les postures élémentaires et les déplacements, que ce soit en Wing Chun ou en Baji. J’ai appris comment donner des directs, des crochets, des uppercuts, différents coups de coude, mais j’ai évidemment encore besoin de pratique, notamment pour bien utiliser simultanément le bassin, et ainsi donner plus de puissance aux coups. J’ai aussi appris plusieurs types de blocages, mais les réflexes pour les places ne sont pas encore là ― sans doute cela viendra-t-il dans trois mois, lorsque je commencerai à m’entraîner à deux, aux mains collantes (je décrirai donc la pratique dans trois mois)…

Il n’est pas encore question d’efficacité réelle de combat, juste d’une mise à niveau physique, et d’apprentissage des mouvements de base.

Jour 31 : Quelques photos de l’école et des alentours

Voici quelques photos de l’école prise par un ami, Josh.

Tout d’abord, l’entrée de l’école, le portail rouge à côté duquel le « line-up » (une mise en rang quoi…) s’effectue tous les matins et tous les débuts d’après-midi. La photo est prise d’en bas, c’est-à-dire juste à côté de la cantine, qu’on ne voit pas mais qui se trouve sur la droite :

Voilà les sacs qu’on utilise pour s’entraîner aux coups de poings, de pieds ou de coudes :

Là, c’est l’un des trois mannequins de bois que nous utilisons en wing chun pour nous entraîner :

Voici l’équipement de musculation de la grande salle d’entraînement :

Le ring sur lequel s’effectuent les « sparrings » et certains entraînements, toujours dans la grande salle d’entraînement :

Voici la cantine, devant laquelle le groupe de wing chun (le mien) termine un entraînement par un « line-up » signifiant la fin ou le début de l’entraînement :

L’école se situant près d’un parc naturel, il y a évidemment beaucoup de très beaux endroits à visiter alentours.

D’abord, le temple situé sur la montagne du Kunyu, à côté duquel nous courons tous les vendredis :

Ensuite la rivière avec plusieurs « cascades » :

Et enfin, le meilleur pour la fin, une vidéo de moi en train de sauter dans l’eau glacée, sous les encouragements francs, sincères et non-moqueurs de mes amis :

Jour 16 : Début d’une nouvelle semaine

La fin de la semaine dernière a été entachée par un mal de dos qui non seulement persiste, mais tend à se faire de plus en plus aigu. Je n’ai donc pu suivre que superficiellement les cours, et j’ai même dû prendre le jeudi après-midi de repos total.

J’ai passé mon week-end à faire des achats dans la ville d’à côté, Yantai, perdre mon portable, acheter des fringues de sport, racheter un portable ― le bonheur quoi !…

Lundi, et malgré un week-end de repos, mon dos n’allait pas mieux (pour faire simple, lorsque je sautais j’avais mal, lorsque je courais aussi, et même du simple fait de marcher)… En fait, j’avais mal dès que je faisais usage de mon dos et, on ne s’en rend pas forcément compte tous les jours, mais on s’en sert quand même souvent de son dos…

On commence donc la journée par le « line-in » habituel : on se met tous en rang devant les « maîtres », occasion pour eux, lorsqu’ils ont des choses à raconter, de nous les signifier. En l’occurrence, il y aurait eu des étudiants qui, alors qu’ils occupaient une chambre de l’hôtel d’à côté où ils étaient censés dormir, auraient fait trop de bruit, et les « maîtres », suite à l’appel du gérant de l’hôtel, auraient fait irruption dans la chambre pour faire cesser le bruit et auraient alors trouvé 6 personnes en compagnie de 28 bouteilles de bière et de 6 bouteilles de Whisky. La consommation (comme la simple détention) d’alcool étant interdites, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’école, ils ont tous écopé, en guise de sanction, de trois à six coups de bâton chacun !

Les nettement moins-joyeux-lurons s’avancent donc devant tout le monde, se mettent en position comme pour faire des pompes, et là, les maîtres se mettent à les frapper à coups de bâtons, au niveau des cuisses, juste en dessous des fesses. Ils tapent fort d’ailleurs, suffisamment fort en tout cas pour casser successivement trois bâtons, comme celui dont on peut voir la photo ci-après. Il y avait des éclats de bois partout… un maître a même failli s’en prendre un dans la tronche ; bref, le délire !

A cause de mon dos, je n’ai toujours pas pu développer la puissance et le talent qui sommeillent en moi… Excédé par ces performances lamentables, à l’opposé de tout ce que j’entreprends d’habitude, je décide de faire une chose folle, une chose qu’on devrait toujours hésiter à faire ailleurs qu’en France : aller à l’hôpital.

Je me rends donc, lundi après-midi, à l’hôpital de Muping, accompagné d’une jolie traductrice. Evidemment, c’est un hôpital n’ayant que peu de ressemblance avec ceux que l’on trouve en France…

Petite anecdote : mon prénom étant plutôt difficile à prononcer pour les Chinois, je me fais appeler « Yoshi » par ceux qui n’y parviennent pas ; du coup, une certaine confusion règne entre ce qu’est mon véritable prénom et ce qui ne l’est pas. Toujours est-il que je me retrouve avec un dossier médical et une sorte de « carte vitale » chinoise, tous deux au nom de « Yoshi ». Pas pratique pour me faire rembourser par mon assurance française… En même temps, la visite médicale + les médicaments m’ont coûté 100 RMB, soit 10 balles….

J’ai donc des anti-inflammatoires ainsi que d’autres pilules que je ne suis pas parvenu à identifier, d’ailleurs… Les anti-inflammatoire sont un médicament bien pratique : ils permettent de supprimer cette affreuse chose qui nous empêche d’aller trop loin dans notre entraînement et de nous casser quelque chose : la douleur. Quand je dis « affreux », c’est ironique… je ne crains évidemment pas la douleur, et celle-ci constitue pour moi une simple information que je ne prends en compte qu’à regret, bien contraint de respecter les limites de mon enveloppe corporelle qui, aussi séduisante soit-elle, ne possède pas encore de formidables capacités musculaires.

De toutes façons, la question ne se pose pas vraiment puisque les anti-inflammatoires que je prends ne fonctionnent pas, ou que très peu… Espérons tout de même que ces médicaments me permettront de reprendre l’entraînement demain…